« Au début, j’ai posé ma tente. »
Dans son éclairage régional, la Fondation dévoile le parcours, la résilience et les combats des personnes mal logées en Occitanie.
« À la mort de mes parents, mon grand-père a acheté une maison un peu plus loin. Ce terrain en faisait partie. Il s’en servait de jardin. Puis c’est resté en friche pendant de nombreuses années et, quand je suis sorti de l’hôpital pour la énième fois, j’ai décidé cette fois d’avoir un chez moi. J’ai demandé à une amie de me prêter une débroussailleuse. J’ai fait un passage au milieu de la végétation et un cercle au centre. J’y ai posé ma tente. J’étais avec mon chien Jeff, il m’a sorti de pas mal d’embarras, c’est lui qui m’a sorti de l’hôpital… »
Ne pouvant pas construire en « dur », Jean-Pierre fait aménager sur le mobil-home une structure de bois pour agrandir et rendre le mobil-home plus discret pour les voisins. Il crée ainsi un espace de vie supplémentaire dans lequel il installe un poêle à bois pour l’hiver. Il y fait poser des fenêtres doubles vitrages achetées d’occasion.
Avec le temps, le mobil-home se dégrade. L’isolation de l’habitat léger, déjà à l’origine très fine, se détériore et est en partie rongée par les rats. La structure de bois montre, elle aussi, des faiblesses. Placées à même les parois du mobil-home, les planches de bois n’ont pas été doublées d’isolant. En hiver, le froid persiste dans l’habitation. Les pluies fortes de ces dernières années ont soulevé les tuiles, des fuites d’eau dégradent petit à petit les parties les plus saines de l’extension.
Les choix pour améliorer l’habitat sont soumis aux possibilités financières. Aujourd’hui, Jean-Pierre n’a pour seules ressources que l’Allocation adultes handicapés (AAH). Il y a quelques temps encore, il complétait ses revenus en travaillant à la scierie du village. Des problèmes de santé l’obligent à arrêter cette activité. Penser son projet d’amélioration lui semble plus risqué à présent.
« Moi je n’ai rien fait car je suis incapable de travailler. C’est un copain qui me l’a fait mais ça m’a coûté des sous. Tandis que si j’avais eu la permission de construire, ça aurait été plus simple et beaucoup moins cher. »
Son curateur a donc pris contact avec la Fondation Abbé Pierre qui étudie les pistes de réhabilitation via son programme « SOS Taudis ».