Dans 20 m2, c’est l’enfer à trois !
Annie vit dans 20 m2 avec ses deux adolescents de 18 et 16 ans. Prioritaire Dalo depuis plus d’un an, elle témoigne de la situation en plein confinement.
« Ce n’est pas compliqué, ce n’est plus possible… » Les mots sont simples et disent tout. Dans 20 m2, Annie a essayé de tenir le plus longtemps possible en confinement, soit 13 jours avec ses deux grands enfants.
« La table pliante au milieu pour que ma fille puisse préparer le concours de médecine. Mon fils, dans la mezzanine où il ne peut tenir que couché…. On n’en peut plus. J’ai perdu 2 kg… Pour dormir, on continue de faire comme avant, je dors dans le canapé-lit avec ma fille et mon fils dort dans la mezzanine. »
Lundi 30 mars, le fils est parti chez son père, rejoindre sa sœur partie la veille. Divorcée, Annie a la garde de ses enfants mais dans le contexte actuel, ce n’était plus possible. « Leur père vit dans un appartement de 60 m2. Les enfants vont pouvoir travailler dans de bonnes conditions et c’est tout ce que je veux en ce moment, qu’ils puissent continuer à avoir une vie à peu près normale. »
Avoir une vie normale et pouvoir offrir un logement décent à ses enfants, Annie se bat pour cela depuis 7 ans. « J’ai fait une demande de logement social dès 2012. Je travaille et je suis tout à fait capable de payer un loyer pour que moi et mes enfants soyons logés normalement. Pourquoi suis-je obligée de vivre dans ses conditions ? »
Des moisissures et plus d’eau chaude
Deux fois par an, Annie repeint la mezzanine car des moisissures apparaissent régulièrement. Le chauffage est électrique et le logement étant mal isolé, la petite famille se chauffe le moins possible… « Depuis janvier dernier, nous n’avons plus d’eau chaude. Un nouveau compteur a été mis en place mais le raccordement à mon chauffe-eau n’a pas été fait. J’ai contacté la propriétaire qui vit en Corse et l’agence immobilière… rien n’a été fait. Maintenant, avec le confinement, c’est sûr que rien ne va se passer avant des semaines. »
Chaque jour, les occupants se lavent avec de l’eau chauffée sur la plaque et pour la douche, il faut utiliser un sceau.
Annie a deux employeurs ; elle travaille 15 heures pour la Ville de Paris en tant qu’animatrice dans une maternelle et 17 heures en accueil périscolaire pour un autre employeur … « Avec le confinement, j’ai appris que mon salaire en accueil périscolaire allait être maintenu en totalité. C’est une très bonne nouvelle qui m’a soulagée !
Même si je fais attention, avec les APL et les aides de la CAF, j’arrive à gérer toutes les dépenses, y compris les livres pour le concours de médecine de ma fille… J’ai toujours payé mon loyer et je n’ai aucune dette. Pourquoi je ne suis toujours pas relogée ? Je ne comprends vraiment pas et maintenant, j’ai peur d’être expulsée fin juin car ma propriétaire veut vendre l’appartement. »
Le soutien de l’ESH
Annie a sollicité l’aide de l’Espace Solidarité Habitat de la Fondation pour se défendre il y a plusieurs mois et c’est grâce à cet accompagnement qu’elle réussit à garder espoir.
« J’ai un avocat qui m’aide et des personnes qui m’écoutent et me soutiennent. J’ai fait toutes les démarches possibles, j’ai écrit partout. J’espère vraiment que cette injustice va se terminer. Car, maintenant, avec le confinement, je suis seule et mes enfants me manquent. Depuis le temps que j’attends d’être relogée, je ne pensais pas vivre cette épreuve supplémentaire… »