Défendre en impliquant les habitants
« Chaque squat a sa logique et son histoire ». Marie Pascal, responsable de la solidarité France, à Habitat-Cité, campe le décor avant d’évoquer le travail mené par l’association depuis 2015 dans 6 squats situés en Ile-de-France. À Pantin, Habitat-Cité est d’abord venue en aide aux habitants de manière collective. Un diagnostic social réalisé auprès d’une vingtaine de personnes il y a 7 ans avait abouti à des préconisations d’hébergement et de logement et aujourd’hui, 300 personnes, en majorité moldaves, sont suivies par Habitat-Cité.
« Dès le début, on a accompagné les habitants qui voulaient améliorer leurs conditions de vie. Rénovation des chambres, des sanitaires, réfection de la cuisine… ils ont participé aux travaux réalisés dans le squat et la dynamique collective a pris forme pour défendre leurs droits. Des questions relatives aux démarches d’insertion ont été posées, des cours de français proposés et des formations, sans oublier les démarches pour régulariser la situation de chacun », précise Marie.
Grâce à Habitat-Cité et le soutien d’une avocate qui a défendu les habitants, l’expulsion du squat de Pantin a pu être reportée 4 fois, jusqu’à cet été. « Au-delà du maintien du lieu de vie, travailler dans le temps long nous a permis d’obtenir des résultats sur les problématiques migratoires, sur les problématiques de santé en lien avec les hôpitaux, concernant les démarches administratives ou encore les demandes de logement social ».
Depuis 2020, Habitat-Cité se déplace sur les lieux de vie informels avec 2 salariés et 5 bénévoles parlant plusieurs langues slaves. « Le soutien de la Fondation nous permet de proposer aussi un accompagnement individuel dans nos bureaux à Pantin à toute personne à la rue ou en hébergement d’urgence, sans-papiers, déboutés du droit d’asile, réfugiés... L’année dernière, 300 personnes nous ont sollicités. »
Au total, depuis 2 ans, Habitat-Cité a accompagné près d’un millier de personnes, en majorité migrantes et en provenance des pays de l’Est. Mandatée par la préfecture de Seine-et-Marne, elle a travaillé en 2020 en étroite collaboration avec l’association « Ville-Hôpital » à Noisiel pour le suivi des parcours de soins des habitants d’un squat de plus 300 personnes, puis sur des squats à Croissy-Beaubourg, Emerainville et Torcy.
« Nous organisons avec « Ville-Hôpital » des maraudes sur les squats de Seine-et-Marne : notre partenaire propose des consultations médicales et des soins immédiats, tandis que nous réalisons les démarches d’accès à l’hébergement, l’asile et l’assurance maladie. Nous avons ouvert une permanence inter-associative à Torcy, où des associations interviennent dans les domaines de l’asile, du logement, de la santé et du droit des femmes ».
Elargissant son champ d’action, l’association a été mandatée par le département de Seine-et-Marne pour travailler sur la résorption des bidonvilles. « L’enjeu pour nous, avec notre expérience, c’est que les collectivités locales, mais aussi les bailleurs, suivent nos préconisations en matière de relogement et d’hébergement jusqu’au bout pour que le parcours d’insertion soit une réussite. »