À Grande-Synthe, la Fondation poursuit sa mission
La Fondation Abbé Pierre participe au financement d’un point d’accès aux droits de la Cimade.
« L’impasse de la Manche s’est encore assombrie, mettant en danger encore plus de personnes en demande de protection : l’État ne peut pas persister dans ce déni de réalité », a affirmé la Cimade après l’incendie qui a ravagé le camp de La Linière dans la nuit du 10 avril.
Avec la Fondation Abbé Pierre et d’autres associations, elle demande la création de lieux d’accueil dans le Calaisis et le Dunkerquois pour permettre aux personnes migrantes de sortir de l’errance et des graves dangers auxquels elles sont exposées.
Sortir de l’impasse
Grâce au soutien financier de la Fondation Abbé Pierre, deux permanences d’accès aux droits hebdomadaires gérées par la Cimade se tiennent à Grande-Synthe depuis le 6 septembre 2016. Elles se poursuivront pendant toute l’année 2017 afin de répondre notamment à la situation très précaire des personnes migrantes sur tout le littoral dunkerquois.
Ces permanences animées par 7 bénévoles et une salariée sont ouvertes à toutes les personnes étrangères. Au total, 119 personnes ont été reçues au cours des 4 derniers mois de l’année 2016.
Les personnes reçues ont connu des parcours difficiles, souvent traumatisants. De ce fait, l’accent a particulièrement été mis sur l’écoute, l’accueil et la confidentialité lors des entretiens. Jusqu’à la fin du mois de mars, les permanences bénéficiaient d’un interprète kurdophone et arabophone présent sur les lieux.
Des centaines de personnes en errance autour de Calais
Jusqu’à présent, en moyenne, une dizaine de personnes étaient accueillies chaque lundi et mardi après-midi.
Les demandes d’information qui sont formulées concernent prioritairement la réunification familiale, la demande d’asile en France (hébergement et droits sociaux), la procédure pour les personnes déboutées du droit d’asile ou encore les questions liées à la rétention.
Les permanences se révèlent très précieuses pour apporter toute l’information nécessaire à des personnes démunies méconnaissant leurs droits. Si nécessaire, elles sont accompagnées pour entamer des démarches juridique et administrative couplées dans certains cas d’une orientation vers un avocat.
La population du camp de la Linière n’avait cessé d’augmenter depuis le mois de septembre 2016 : elle était passée d’environ 700 personnes à près de 1300 à la fin décembre. La Cimade avait d’ailleurs alerté le Conseil départemental et le Procureur de la République sur l’augmentation sensible des mineurs isolés sur l’ensemble du littoral.
Durant ces quelques mois écoulés, de nombreux abris ont été retirés et les départs vers les CAO (Centres d’accueil et d’orientation dispersés dans toute la France) se sont raréfiés après l’évacuation du bidonville de Calais en octobre 2016, créant ainsi une situation de « surpopulation » sur le camp sur laquelle la Fondation Abbé Pierre, la Cimade, Médecins du Monde, Amnesty International et d’autres organisations avaient alerté les ministres de l’Intérieur et du Logement.
Le dénouement tragique de la semaine dernière fait amèrement écho à cette alerte. Mais il ne met pas fin aux besoins des personnes, quant à leur devenir. Les solutions trouvées dans l’urgence, comme à chaque fois, ne répondront probablement pas à l’ensemble des attentes. C’est pourquoi un accompagnement dans les différentes procédures est plus que jamais indispensable sur ce territoire, comme sur l’ensemble du littoral. La Fondation Abbé Pierre sera vigilante dans les jours et les mois à venir aux réponses apportées en terme d’accompagnement et d’accueil sur le littoral, au risque d’une éternelle répétition, toujours plus dramatique.