L'édito du 07 mars
Chers Amis,
Vous le savez, avec la fin de la trêve hivernale le 31 mars prochain, les expulsions locatives vont reprendre. Comme chaque année, ce sont des milliers de familles qui vont vivre dans l’angoisse, avec la peur au ventre de se retrouver du jour au lendemain sans solution de logement et parfois même sans solution d’hébergement compte tenu de la saturation du secteur de l’hébergement d’urgence dans de nombreuses villes.
À la Fondation, nous le savons, l’expulsion constitue une véritable rupture personnelle et un évènement traumatique pour tous ceux qui la vivent. L’an dernier, la Fondation publiait une enquête qui révélait que 71 % des personnes interrogées avaient des problèmes de santé ou des difficultés psychologiques liés à cette douloureuse expérience. Les enfants en sont les premières victimes : 80 % des familles confient l’impact direct sur leur bien-être, et 43 % ont constaté un effet sur la scolarité de leurs enfants.
Aujourd’hui, le risque est grand de voir le nombre d’expulsions repartir à la hausse et revenir à la situation d’avant la crise du Covid, où l’on dénombrait plus de 16 000 ménages expulsés avec le concours de la force publique par an ; un niveau inquiétant sans compter que deux à trois plus de personnes quittent leur logement avant l’intervention des forces de l’ordre… Il faut donc tout faire pour éviter ce retour à « l’anormal » et les souffrances qui l’accompagne.
Le principe qui doit guider l’action publique est de ne pas laisser à l’abandon les personnes et familles confrontées à ce risque et considérer que l’expulsion ne doit pas être la règle, mais l’exception. Les mesures prises pendant la pandémie ont montré qu’il était possible de faire autrement. Il est dès lors urgent que l’État, les collectivités locales, les administrations déploient davantage de moyens humains et financiers pour accompagner les ménages en difficulté dans leurs démarches sociales, juridiques et administratives. Prévenir et éviter les situations d’impayés, développer les permanences d’information et d’accès aux droits, favoriser la médiation entre locataires et bailleurs, accompagner vers le relogement ceux pour qui la situation ne peut tenir dans la durée… autant de solutions qui permettraient d’éviter des milliers de nouveaux drames humains dans un contexte de fortes tensions sur le budget des ménages.