Logement social en Ile-de-France : un Manifeste pour alerter les pouvoirs publics
L’Ile-de-France figure parmi les premières régions européennes en termes de production de richesses. Elle est pourtant la région où les écarts de niveaux de vie sont les plus importants et où s’expriment avec une intensité inouïe les problèmes liés au logement, avec 1,3 million de mal-logés, dont 140 000 sans domicile. Dans ce contexte, la Fondation Abbé Pierre, l’Association des organismes de logement social d’Ile-de-France (AORIF) et l’Association francilienne pour favoriser l'insertion par le logement (AFFIL) constatent que l’accès à un logement réellement abordable et à l’hébergement n’est pas considéré à ce jour comme prioritaire et publient un Manifeste.
La production baisse alors que les besoins des Franciliens et Franciliennes sont de plus en plus importants. Aujourd’hui en Ile-de-France, plus de 780 000 ménages sont demandeurs d’un logement social (en augmentation de 100.000 demandes en 5 ans), représentant 32% de la demande nationale. Seulement 1 demande de logement social sur 10 est satisfaite chaque année.
Alors qu’il est urgent de développer massivement l’offre de logements social et de structures d’hébergement, les pouvoirs publics ont fixé pour 2023, par décision du conseil d’administration du Fonds national des aides à la pierre (FNAP), un objectif de financement de seulement 25 000 logements sociaux en Ile-de-France, en très net recul par rapport aux années précédentes. Ce volume de 25 000 agréments est totalement décorrélé des besoins et des objectifs définis au sein de la région.
Avec l’Association des organismes de logement social d’Ile-de-France (AORIF) et l’Association francilienne pour favoriser l'insertion par le logement (AFFIL), la Fondation Abbé Pierre dénonce cette nouvelle approche des objectifs, alignée sur les faibles niveaux de production des années antérieures et non pas sur les besoins réels.
Les pouvoirs publics franciliens, Etat et collectivités locales, doivent se mobiliser pour soutenir les acteurs d’intérêt général que sont les organismes Hlm et les associations d'insertion par le logement. Cela implique un accès prioritaire aux gisements fonciers et bâtis et une réelle politique foncière. Il est également urgent que les opérateurs de logement social disposent d’un soutien financier digne, face à un retrait régulier de l’Etat observé depuis le milieu des années 2010.
La crise du logement social et de l’hébergement en Ile-de-France ne doit pas être une fatalité. L’Etat, les collectivités locales, les organismes Hlm et les acteurs de l’insertion par le logement doivent s’associer pour relever collectivement le défi et traduire dans leurs engagements et leurs objectifs une volonté partagée de produire, en volume suffisant, les logements réellement abordables, nécessaires aux habitants actuels et futurs d’Île-de-France.