Message de l’abbé Pierre
« Ce qui est premier, c’est le devoir et il fonde le droit. »
Faire en sorte que plus personne ne vive dans la rue, sans accès aux droits les plus fondamentaux tels que ceux qui consistent à se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner est de notre devoir à tous. Et plus encore celui de celles et ceux que nous avons élus et qui nous gouvernent.
Rappelons-nous, l’an dernier, au début de la crise sanitaire, des gens avaient faim dans notre pays, grande puissance économique mondiale. Aujourd’hui encore, des distributions alimentaires dans les quartiers populaires, dans les cités universitaires ou au cœur de nos grandes villes, continuent d’être organisées et ne désemplissent pas, témoignant des difficultés et de l’isolement d’un trop grand nombre d’entre nous, particulièrement des plus jeunes.
Dans notre pays qui compte 4 millions de personnes mal logées, des milliers de ménages, de familles et d’enfants ont été fortement fragilisés par la crise économique et sociale d’une ampleur inégalée qui sévit depuis un an et demi.
C’est notre Démocratie et notre société tout entière qui sont en jeu aujourd’hui devant de tels drames humains.
« Il est des heures où, plus qu’en des siècles, soudain se manifeste que ce n’est pas en vérité le droit qui créé les devoirs mais le devoir qui seul est capable de fonder les droits. Ce qui est premier, c’est le devoir et il fonde le droit. » Abbé Pierre, notes manuscrites, 1955.
Alors que la sortie de l’état d’urgence sanitaire aura lieu le 30 septembre prochain et que la réduction des différentes aides ponctuelles de l’Etat va se poursuivre dans les mois à venir, nos élu.es et responsables politiques ont aujourd’hui le devoir d’agir sans attendre, en prenant de véritables mesures structurelles afin d’éviter la progression et l’accentuation de la pauvreté et de l’exclusion.
Pour changer les choses durablement, pour construire une société plus juste où chacun puisse avoir un toit et vivre dignement, nous le savons bien, il faut plus de moyens humains et financiers. Favoriser l’accès aux droits de chacun de nous est du ressort et de la responsabilité de la puissance publique. Nos élus ont les moyens d’agir par le biais de dispositifs et de budgets dédiés, de lois et de décrets. Etre au service de l’intérêt général, c’est cela faire de la politique.
Réformer en profondeur afin de réduire les inégalités, préserver l’avenir de nos enfants et de la planète… tels sont les devoirs impérieux des pouvoirs exécutif et législatif dans notre République, garante des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.
Raymond Etienne,
Président du groupe de la mémoire de l’abbé Pierre.
Ndlr : à noter la parution de l’ouvrage dédié à l’abbé Pierre, « La Force des Infiniment Petits », par Emmaüs International, aux Editions du Cherche Midi.