Personne ne doit rester sur le bord de la route
À la veille de la présentation de l’Acte II du plan Pauvreté, la Fondation rappelle l’urgence de mesures sociales qui n’oublient personne.
Deux ans après son lancement, l’Acte II du plan Pauvreté est annoncé par le Premier Ministre demain samedi… Face à une situation exceptionnelle, celle d’une profonde crise sanitaire, économique et sociale, le Gouvernement va-t-il se donner les moyens d’agir pour éviter que la situation ne se dégrade plus encore pour les plus fragiles d’entre nous ?
En deux ans, le plan de relance a tardé à se concrétiser malgré les ambitions affichées à l’époque par le Président de la République.
S’il veut aujourd’hui tenir parole, le Gouvernement doit donc investir fortement pour apporter des réponses indispensables aux personnes en situation de précarité. C’est une question de dignité et de cohésion sociale, mais aussi de respect des valeurs qui fondent notre pays.
Dernier rempart contre la grande pauvreté, le RSA doit être revalorisé de 100 euros et élargi aux 18-25 ans
« Antoine, Simon, Julie…. À la Fondation Abbé Pierre, cela fait longtemps que l'on sait que de nombreux jeunes qui ne peuvent être aidés par leur famille, quand ils n'ont pas d'emploi, quand ils n'ont pas de formation, se retrouvent parfois avec zéro euro de ressources. Et durant ces 6 derniers mois, nombreux sont ceux, diplômés ou non, sans travail qui sont venus les rejoindre…
Depuis le début de la crise sanitaire, partout en France, les équipes de la Fondation et les associations qu’elle soutient rencontrent ces jeunes, dans les maraudes, lors des distributions de ticket-service, les permanences d’accès aux droits...Nous rencontrons des jeunes qui ont perdu un emploi ou qui n’en ont pas trouvé à la sortie de leurs études. Des jeunes qui se sont retrouvés totalement isolés pendant la crise sanitaire et bien souvent sans possibilité de se nourrir ou se soigner convenablement au quotidien.
Dans ce contexte, une aide exceptionnelle de 150 euros (et 100 euros supplémentaires par enfant) a été annoncée mercredi dernier par le Président de la République pour les bénéficiaires du RSA et ceux des APL qui ont des enfants. Ce qui excluait, entre autres, les nombreux jeunes aux APL sans enfant. Suite à l’interpellation de la Fondation et d’autres associations, 3 jours plus tard, le Gouvernement a en partie rectifié le tir, en annonçant une nouvelle aide pour une partie des jeunes bénéficiant des aides au logement et les étudiants boursiers, soit 400 000 personnes.
Si ces aides ponctuelles sont évidemment bienvenues pour ceux qui vont en bénéficier alors qu’ils rencontrent d’énormes difficultés pour boucler les fins de mois dans ce contexte si difficile, il n’en reste pas moins que les jeunes précaires qui n’ont pas de logement personnel (et donc pas les APL) et pas de RSA (puisque les moins de 25 n’y ont pas droit), comme de nombreux étudiants en situation de fragilité, en sont une nouvelle fois exclus.
Aller plus loin vers une protection durable
Aussi nécessaires soient elles, l’action de la puissance publique ne peut par ailleurs se limiter à des mesures d’aides ponctuelles. Les personnes en situation d’exclusion ont besoin de réponses durables. C’est pourquoi, il faut de toute urgence que le RSA soit augmenté de 100 euros et ouvert aux jeunes de moins de 25 ans.
Car combien de jeunes ont fait l’expérience du 115 pour trouver un abri ponctuel, faute de soutien familial et de ressources suffisantes pour se loger convenablement ? N’oublions pas qu'une personne sans domicile sur quatre a moins de 30 ans et qu'un jeune sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. Cette augmentation du montant du RSA et son élargissement sont encore plus nécessaires aujourd’hui, à l’heure où le nombre de demandeurs d’emploi comme celui de personnes qui sollicitent le RSA augmentent de façon très préoccupante.
Il faut également aller plus loin sur le volet prévention des expulsions en créant immédiatement un fonds d’aide au paiement des loyers et charges doté à minima de 200 millions d’euros pour éviter des milliers de drames humains et d’ajouter de la misère à la misère.
Alors que la Fondation attend la présentation de l’Acte II de la stratégie pauvreté du Gouvernement demain matin, rappelons-nous ces mots de notre fondateur, l’abbé Pierre : « On ne peut laisser indéfiniment des pans entiers de la population s’appauvrir sous le regard indifférent d’une minorité de plus en plus riche. »