Plus de 1 600 enfants sans abri avec leurs familles
Durant cet été caniculaire, plus de 1 600 enfants ont dormi à la rue, chaque soir, après une réponse négative du 115.
1 600 enfants sans abri à la veille de la rentrée scolaire, c’est 86 % de plus qu’en début d’année… une très forte hausse qui illustre la saturation du parc d’hébergement sur de nombreux territoires ne permettant pas de répondre à l’ensemble des besoins et une crise du logement nationale marquée par un manque de logements accessibles, dont les enfants, parmi les plus vulnérables, sont des victimes collatérales.
Aucun enfant la nuit dehors
Dans ce contexte tendu, les 39 associations du Collectif des Associations Unies, dont la Fondation Abbé Pierre, déplorent la décision du gouvernement de fermer prochainement 10 000 places d’hébergement et interpellent ensemble , avec la FCPE et le collectif « Jamais Sans Toit », les pouvoirs publics, pour qu’aucun enfant ne soit plus contraint de passer la nuit dehors.
C’est pourquoi les associations, parents d’élèves et enseignants en appellent à la vigilance collective avec le lancement d’un réseau d’aide aux élèves sans toit :
https://www.eleves-sans-toit.fr
En effet, face à ces manquements, des collectifs se mobilisent déjà dans plusieurs villes de France auprès des élèves sans abri et de leurs familles.
Régulièrement, ces équipes éducatives, associations, syndicats, parents d’élèves et citoyen·ne·s indigné·e·s se mobilisent pour défendre leurs droits, et leur permettre d’accéder à une solution d’hébergement. Acteur·rice·s privilégié·e·s pour repérer les difficultés vécues par les élèves, il·elle·s sont en lien étroit avec les dispositifs de veille sociale en charge du 115 sur leur territoire. Lorsqu’aucune solution n’est trouvée, des familles sont mises à l’abri dans les écoles et les gymnases.
À Lyon, par exemple, le collectif Jamais sans toit en est déjà à sa centième occupation en sept ans. Depuis 2014, près d’une soixantaine d’établissements ont servi de refuge temporaire à plus de 480 enfants, sans toutefois parvenir à répondre à l’ensemble des besoins : malgré leur action, en cette rentrée scolaire, le collectif Jamais sans toit recensait encore 45 familles dont 100 enfants à la rue dans la métropole lyonnaise.
« On s'est retrouvé dehors avec mon mari et mon fils. On a dormi dans une voiture pendant deux mois. Après, on a été hébergé dans une chambre dans une paroisse à Villeurbanne. On est resté un an et demi là-bas. On demandait toujours un hébergement mais il n'y avait pas de place. Il y a eu des travaux et on a dû partir. On dormait sous une tente à Perrache. Après on a à nouveau été hébergé de façon solidaire. En septembre 2021, le propriétaire a récupéré son studio pour sa famille. On a été sans solution. On dormait deux jours ici, deux jours-là.
Ernado rentrait au CP. Dans son école, il y a un comité de soutien aux familles sans toit. On faisait des réunions régulièrement. On a décidé de dormir à l'école en novembre 2021 car on était quatre familles sans solution d'hébergement. On a dormi presque trois semaines à l'école. Et puis on a été hébergé à l'hôtel. Le collectif à l'école, c'est très important. » Témoignage de Mirsada, mère d'Ernado (6 ans)
« En décembre dernier, nous avons occupé l'école deux semaines pour mettre à l'abri deux familles qui dormaient dans la rue. Les familles sans toit dorment souvent loin de l'école, même une fois hébergés en foyer ou à l'hôtel. Les familles sont épuisées, il y a beaucoup de femmes seules avec des enfants, les enfants somnolent en classe... » Témoignage de Fanny Talbot, enseignante à l’école Antoine Charial (3ème arrondissement de Lyon)
À Strasbourg, Grenoble, ou encore Villeurbanne, des collectifs d’enseignant·e·s et de parents ont fait de même. Un peu partout en France, souvent de façon informelle, des initiatives citoyennes cherchent des solutions en urgence.
Le Réseau national d’aide aux élèves sans toit est né de la volonté de coordonner et d’essaimer ces collectifs de soutien déjà existants, avec l’appui d’associations nationales engagées dans lutte contre le mal logement et la défense des droits de l’enfant. Pour ce faire, un recueil d’informations et de coordonnées utiles destiné aux personnes qui souhaitent soutenir les élèves sans toit et leur famille a été conçu : le « Toitoriel ». L’enjeu est désormais de le diffuser au plus grand nombre.
Télécharger le Toitoriel : https://www.eleves-sans-toit.fr/ressources/le-toitoriel/