« Reconstituer la réalité »
Aurélien Chauvaud, photographe professionnel, a réalisé la campagne d’hiver de la Fondation qui débute ce 20 novembre.
« Apprendre que plus de 2 000 enfants vivent dans la rue, c’est affolant, c’est scandaleux. Je n’avais pas conscience de cela avant de travailler sur cette campagne de sensibilisation.
Dans un pays comme le nôtre, en 2024, c’est incompréhensible que l’État ne trouve pas les moyens de les mettre à l’abri, de pallier ce mal sociétal. J’avais déjà travaillé à deux reprises avec la Fondation, en 2014 et en 2022, et c’était important de m’impliquer à nouveau à ses côtés, sur cette cause. Malgré la situation et les révélations concernant l’abbé Pierre, j’ai pensé qu’il était important de répondre présent, de travailler aux côtés d’une structure qui œuvre à améliorer les conditions de vie de toutes les personnes en difficulté, adultes et enfants.
Travailler avec des enfants n’est jamais facile. À la différence des adultes, ils ont bien sûr moins de compréhension de ce qui se passe et de la mise en scène nécessaire pour reconstituer la réalité.
Pour cette campagne, les enfants étaient âgés de 9 à 14 ans ; un âge où la prise de vue apparaît comme un jeu, une récréation presque, dans laquelle ils sont les stars. On a dû contrebalancer cet effet car la réalité que l’on essayait d’exprimer n’était pas du tout celle-ci. Pour un adulte, c’est déjà difficilement concevable de s’imaginer à la rue, ne serait-ce qu’une nuit, alors pour un enfant…
Il a fallu trouver les bons mots, faire bouger le curseur, les aider à comprendre à qui s’adressait cette campagne, ce qu’elle voulait dire. Mon travail et ma passion de photographier consistent en cela, je fais de la photographie sociale. Je cherche à donner la plus grande véracité à l’image, j’imagine les situations les plus proches de la vie.