Tweets2rue : 3 mois de partage et d’échanges...
Depuis le 17 octobre, 5 personnes à la rue sont devenues des "twittos", partageant leur quotidien afin de rompre leur isolement et de changer le regard des autres à l'égard des sans-abri.
Patrick aura 47 ans à la mi-janvier. Aujourd'hui, il est à Valenciennes, à la Boutique Solidarité de la Fondation Abbé Pierre, où il rencontre ceux et celles qui sont à la rue, comme lui. Son but : faire un tour de France des lieux d'accueil pour donner la parole aux sans-voix, aux invisibles. Une démarche qui est née de ses rencontres grâce à Tweet 2 rue.
D'abord on tweete, puis un jour on se voit !
"Mettre un visage sur une voix, quand tout a commencé par un échange sous pseudo, c'est vraiment chouette. J'ai mon petit "fan club" maintenant, et ça, c'est vraiment une expérience enrichissante. Il y a une étudiante, une opticienne et une personne en arrêt maladie qui me suivent... Après avoir pas mal tweeté, une fois qu'on avait échangé nos numéros de portable et discuté plus longuement, on a décidé de se rencontrer.
On s'est vu plusieurs fois sur 3-4 jours cet automne et c'est de là qu'est venue l'idée de mon tour de France. On a discuté ensemble, on a pris le temps de se connaître parce que les tweets, ça reste impersonnel... Puis petit à petit, on s'est confié des choses sur nos vies et finalement ça nous a donné envie de nous connaître. C'est moi qui ai invité la personne qui me suivait depuis Limoges à venir nous voir à Metz. J'ai contacté la Pension de famille de Woippy pour qu'elle puisse venir passer quelques jours avec moi et mes autres amies et qu'on puisse tous se retrouver et ça a pu se faire. C'était bien et vraiment agréable ! Je viens du Nord et c'est vrai que les gens sont sur la défensive... Tweeter permet de se contacter sans avoir peur. Au début, ça aide mais après, si on peut aller plus loin, on créait vraiment une relation amicale... je ne sais pas si elle se prolongera après Tweet 2 rue, mais ça serait bien !"
Etre l'écho de la rue
"Aujourd'hui, je fais le tour des personnes à la rue pour savoir comment ils voient leur avenir. Quels sont leurs désirs ? Leurs envies ? Leur crainte ? Moi, ça n'est pas moi qui m'intéresse, ce sont les autres. Aller à leur rencontre, être l'écho de la rue, c'est ça qui me passionne. C'est un peu le tour de France de l'espoir, de la vie...
Après Metz et Valenciennes, je pars à Toulouse fin janvier et ensuite je ferai un crochet par Limoges pour aller voir mon amie et lui raconter de vive voix ce que j'ai vécu. C'était ça qu'on avait prévu."
Autre témoignage, celui de Sébastien, 34 ans, qui a trouvé une chambre dans un foyer de Bourges, deux semaines après le lancement de Tweet 2 rue.
Une expérience sympa
"Je ne suis plus à la rue mais c'est vrai que quand on m'a proposé l'expérience, j'ai plutôt trouvé ça chouette.... Je vais souvent sur Facebook et ça me disait d'essayer Tweeter. Mais je suis un peu déçu ; les échanges sont un peu confus et décousus et je trouve qu'il y a plus de solidarité dans les échanges directs, dans la rue, avec les passants.
Aujourd'hui, j'ai une chambre dans un foyer et je compte bien rechercher du travail maintenant que mes papiers sont à jour. En discutant avec des accueillis de la Boutique Solidarité de Bourges, j'ai rencontré des personnes qui m'ont aidé à me meubler. On m'a donné une télé, un ordinateur et j'ai même pu me confectionner un lit en mezzanine avec de la récup'... La solidarité, ça existe !"