Malgré la crise énergétique, le nombre de coupures d’électricité recule enfin
D’après les nouveaux chiffres du Médiateur de l’énergie révélés aujourd’hui, le nombre de ménages ayant subi des coupures d’électricité a enfin baissé, passant de 254 000 en 2021 à 157 000 en 2022. Cette baisse de 38 % est le résultat visible de la campagne de la Fondation Abbé Pierre pour l’abolition des coupures, à laquelle EDF avait répondu favorablement en 2021, en s’engageant à remplacer les coupures d’électricité par des réductions de puissance pour ses clients en impayés.
Cette avancée sociale intervient pourtant dans un contexte de crise énergétique dramatique, marqué en 2022 par un niveau record du nombre d’interventions (coupures et réductions de puissance) pour impayés de facture d’énergie (gaz et électricité) : 863 000 interventions en 2022, soit 10 % de plus qu’en 2021. Plus d’un Français sur quatre déclare être en difficulté pour payer ses factures d’énergie, un chiffre en constante hausse : 25 % en 2021 à 27 % en 2022.
Face à cette montée inquiétante de la précarité énergétique, la Fondation Abbé Pierre demande une loi pour l’abolition totale des coupures d’électricité et l’instauration d’un Service Minimum de l’Électricité. En effet, ce sont encore 157 000 ménages de trop qui ont subi cette cruelle punition sociale, dont les conséquences affectent gravement la santé, la sécurité et la vie des ménages : risques d’incendies par l’utilisation de bougies, de lampes ou de chauffage à pétrole, mais aussi risque d’exclusion sociale avec des effets dramatiques sur la santé mentale, l’estime de soi, la vie familiale et professionnelle et l’éducation.
C’est pourquoi la Fondation Abbé Pierre appelle les autres fournisseurs d’électricité (Total, Engie…) à s’engager à abolir les coupures et demande l’inscription dans la loi de l’interdiction des coupures d’électricité dans les résidences principales, afin que tous les consommateurs bénéficient de cette protection toute l’année, y compris en-dehors de la trêve hivernale. En dernier ressort, la coupure serait remplacée par une réduction de puissance à hauteur de 1 000 Watts (1kVa) permettant de répondre aux besoins vitaux et sociaux élémentaires : allumer une ampoule, recharger son téléphone, conserver ses aliments et médicaments au réfrigérateur, faire les démarches nécessaires pour régulariser sa situation
Cette mesure minimale répondrait d’ailleurs à la Commission européenne qui, à la demande de la Fondation et d’associations européennes, vient de proposer en mars 2023 de contraindre les États membres à protéger les consommateurs vulnérables des coupures, dans le cadre de la réforme du marché européen de l’électricité.
Cette mesure nécessaire est déjà appliquée avec efficacité par EDF depuis le 1er avril 2022, et est jugée positive par le fournisseur d’énergie, qui s’appuie sur une enquête menée avec la Fondation Abbé Pierre auprès de ménages en impayés ayant vécu sous réduction de puissance :
- Avec une information préalable à la limitation de puissance, une grande partie des ménages, malgré les difficultés, perçoit plutôt bien la logique consistant à remplacer la coupure par une limitation de puissance.
- La limitation de puissance est pour autant loin d’être confortable, et ne participe donc pas à une déresponsabilisation des consommateurs. 88 % d’entre eux estiment l’organisation de la vie du foyer assez difficile ou très difficile, et 2 répondants sur 3 déclarent par exemple avoir été contraints d’aller dans une laverie.
- Trois ménages qui ont fait l’objet d’une limitation de puissance sur cinq expliquent avoir été en impayés en raison d’une perte de revenus. La limitation de puissance ne constitue donc pas une solution suffisante à la précarité : 61% des répondants considèrent important d’être accompagné par un travailleur social ou une association afin d’éviter que la situation ne se pérennise.
Si la rénovation des 5,2 millions de passoires thermiques, la hausse du chèque énergie et la lutte contre la pauvreté restent les meilleurs moyens de lutter contre la précarité énergétique, il est urgent de protéger tous les ménages contre la hausse des prix de l’énergie et les situations de privation qu’elle peut engendrer.
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