L’abbé Pierre, provocateur à bâtir
30/07/2013
« Si vous voulez peser sur le logement, il faut créer votre Société Hlm. » Qui a donné ce conseil à l’abbé Pierre ? Peu importe. Mais il en a tenu compte dès janvier 1954, quelques jours avant de lancer son Appel, les statuts de la Société Anonyme d’Hlm ayant été déposés le 25 janvier 1954.
Dans un premier temps, poussée par l’insurrection de la bonté, la SA Hlm achète de nombreux terrains et construit dans la foulée, le plus vite possible, pour donner un toit aux nécessiteux. Le Plessis-Trévise, Argenteuil, Sartrouville… le Conseil d’Administration avalise l’achat de terrains en périphérie de Paris, et ce jusqu’en 1957. Puis elle se lance dans les « logécos », immeubles collectifs, ainsi que dans l’édification de logements abordables au plus grand nombre.
Jusque dans les années 70, la SA Hlm suit la croissance rapide de la construction en France. De 250 logements fin 1954, elle en possède 7 900 en 1975 et compte 440 actionnaires à cette date pour un capital de 7 millions de francs de l’époque. Mettre à l’abri face à l’urgence, oui. Mais on ne peut s’arrêter là. Il faut loger dignement et de façon pérenne les plus pauvres. Et si l’abbé Pierre ne le fait pas, qui le fera ?
"Il faut des maisons durables."
Ce bilan florissant ne doit cependant pas masquer les difficultés. Il ne suffit pas d’acheter et de construire. La question du coût du logement et de la solvabilité des locataires est régulièrement posée par la Société Anonyme, les appels aux pouvoirs publics se succèdent pour que des financements (aide à la pierre, aide à la personne) soient débloqués.
Au cours des trente dernières années, la SA Hlm a accompagné les plus fragiles dans le logement, diversifié son offre, répondu à la mixité sociale, sans oublier d’améliorer la qualité de son parc.
En 1996, à Chaville, la dernière cité d’urgence de l’abbé Pierre construite par la SA Hlm disparaît et en 2003, elle devient Emmaüs Habitat. Elle compte actuellement 13 000 logements locatifs sociaux, 27 résidences sociales, CHRS et maisons relais.
À l’image de la Fondation Abbé Pierre qui en est devenue l’actionnaire majoritaire en 2013, Emmaüs Habitat se penche sur les conditions de vie des personnes en difficulté, prenant tout particulièrement en compte les besoins et les droits de ses locataires, toujours parmi les plus modestes.